mardi 17 avril 2012

QUI ES-TU, RIMBAUD ?

Qui es-tu, Rimbaud ?

Mais qui es-tu, Rimbaud... détestable marmot ???!!!
Roi de la rimaille et... frondeur, tombeur de beau !!!???
Qu’a-t-on fait de ta science et de ton impudence ?
Et ta condescendance, où est sa descendance ?

Ici « tu joues la gouape » et tu es « angelot »
Comme un épouvantail dans le maquis des maux !
C’est bien épouvantable et pourtant c’est « vendable » !
Et ça n’a pas de prix aux mains des connétables !

Toi tu mangeais la vie et tu la digérais
Pour en disséminer tout ce qui t’en restait !
Que disait ton cher Paul de tes frasques naguère
Et que sont devenus les soldats de tes guerres,

Ces vers que tu dressais sur des vallons si frais ?
Les plaies que tu rouvrais dans l’ombre des regrets
Où la rage et l’ivresse ont élu domicile
En pourfendant toujours l’inculte et l’imbécile ?!!!

As-tu bien raboté tes semelles sous le vent ?
Les as-tu condamnées à marcher droit devant
Ou sur les pierres qui roulent, aux accents de ta gouaille ?
Ô toi qui cependant te couchas sur la paille

D’un mouroir sans vraiment que ça puisse émouvoir
Tes lecteurs assidus, férus de désespoir !
Où donc est ton histoire et où donc... ta victoire ?
Au fond d’un vieux cartable où s’est fondue ta gloire ?

Mais qui es-tu, Rimbaud ?

De ta terre d’Ardenne aux pavés de Paris,
Tes propos de poulbot s’étaient juste enhardis
Avant que de trôner, couronnés d’auréoles,
Au fronton d’un musée, au détour d’une école,

Sur un tableau si noir qui rend tes mots si blancs,
Alors qu’ils sont écrits de sueur et de sang ?
Dans des récitations que font les enfants sages
En comptant sur leurs doigts quelques pieds... quelques pages ???

Tant de vie a coulé sur ton rivage amer !
Et le temps est passé ! As-tu rejoint ta mer
Où ton fleuve impassible à l’horizon se noie,
Qu’on te prenne pour cible ou que l’on te tutoie ?

Ainsi toi autrefois, tu devais tutoyer
Là ton étoile bannie et l’amour, rudoyé,
Au mépris de « la règle » et de tout conformisme..
Avant de déclencher ton propre cataclysme !

Ronsard et Du Bellay mais combien de Villons
Et combien de Verlaines ont creusé leurs sillons
Sur un terrain plus meuble ou sur des pentes plus douces,
Alors que tu semais des chardons sur la mousse ?

Tes suppôts, O ! Rimbaud, ont trouvé délicieux
De se rouler, narquois, dans tes draps facétieux
De préceptes factieux, d’impressions polémiques !
Affublés de lauriers d’horreurs emblématiques...

Mais qui es-tu, Rimbaud ?

Mais quel est ton drapeau ? Quelle est donc sa couleur
Et combien ta débâcle a couvé de douleurs
Où flotte avec le tien l‘esprit de tes confrères ?
Et du cœur de Nerval jusqu’aux fleurs de Baudelaire,

Tu les as traversées... tes « Saisons en enfer »
En gardant tes secrets, en cachant tes revers
Sous ta plume endiablée et ta verve rebelle,
A l’affût de trésors tombés dans des poubelles !

Et ce poing dans ta poche que tu disais serré,
Un jour s’est-il ouvert, un jour s’est-il dressé
Tantôt pour un désordre et tantôt contre un Ordre
Que, pour mieux l’abjurer, tu t’appliquais à mordre ?

Mais qui es-tu, Rimbaud, misérable angelot...
Balayé par les vents ! Réfractaire aux tombeaux !
Qu’as-tu fait de ton âme et de ton innocence ?
Au terme du voyage, où est la délivrance

Pour l’enfant que tu es à jamais demeuré...
Pour les générations et pour le monde entier ?
Toi qui n’en finis pas de heurter les consciences
En cognant sur les murs de nos adolescences !

Toi qui mangeais la vie et qui la digérais
Pour en disséminer ce que tu en pensais,
Échappant au silence et fuyant l’indulgence...
Pour demeurer fidèle à ton souffle rebelle !

Il nous reste des mots ! un portrait... un tableau !

Mais qui es-tu, Rimbaud ?