A quoi
Planning...
Je fais d’l’à
quoi planning... Je surfe sur des plages...
Horaires, je
précise... Et j’vois loin... et j’vois large...
Mais si parfois,
je nage, eh bien ! Souvent... j’me noie !
J’n’ai pas
l’temps d’y penser : voilà mon embarras !
Car un planning,
ça sert... à quoi ?
Entre théorie et
pratique,
‘Y’a comme un
couac... ‘Y’a comme un hic !
J’veux avaler
tell’ment d’boulot,
Qu’arrivé au
bout du rouleau...
J’n’avale’ plus
rien... de mon turbin...
A part... que j’y
ronge mon frein...
Et là, c’est vrai
: je n’ai plus faim !
J’ai bien chargé
ma mule... et ça fait des émules...
Qui me voient en
« Hercule » et c’est c’qui les stimule !
Je suis l’«
épouvantail, forcené au travail »...
Qui condamne et cisaille’ les
« doigts en éventail »...
Je n’m’octroie
pas le droit... ni le choix de n’rien faire,
Et puis je n’ai
pas l'choix, ça j’le crois, dur comme’ fer (!),
De me laisser
aller... simplement à planer...
Par-dessus mes
souliers... juste pour tout lâcher !
J’ai du pain sur
ma planche et, c’est ça (!) : si je flanche...
Eh tiens !
J’n’en mange’rai pas ! Et comment faire’, dimanche ?
Est-ce’ que je
f’rai la manche’... pour payer mon repas ?
Et si
j’acceptais ça, qui m’accepterait, moi ?
No way ! J’ai
mon planning et c’est pas là qu’on plane...
Ah ! Si j’avais
la flemme’, ‘faudrait pas que je flâne !
Pour conserver
la pêche’, je dois me dépêcher,
De m’y coller
dare’-dare, en serrant le collier !
Je n’suis pas un
trouillard et pourtant, j’ai la trouille,
De finir dans
l’brouillard, où j’m’embrouille et je rouille,
Si je reste
enfermé dans la moindre oisive’té...
Qui pourrait
m’engluer et m’empêcher d’ramer...
C’est bien pour
ça que j’rame, et puis trêve’ de fadaise,
Contraire’ment à
c’qu’on clame’, je suis loin d’la falaise...
Me faut-il être
en rage, ou encaisser les coups...
Couper court au
courage, et en payer le coût ?
Je n’ai rien
qu’un planning, il faut bien que je suive...
Par ici les
consignes’... et là, les directives...
Si elles’ vont dans
l’même’ sens, c’est déjà ça d’gagné....
En cas de
divergence, on pourrait s’y cogner...
Mais bon ! Ce
n’est pas tout ! À quoi ça mène au
juste,
Un planning
assez fou, auquel rien ne s’ajuste ?
Et pourtant ça
existe ! Oui, j’en ai rencontrés...
Des plannings
qui résistent’ aux meilleures’ volontés...
Ceux-là, ‘faut
s’en méfier, comme’ de la dernière’ peste !
Vous pourrez en
juger car les faits en attestent :
On n’court pas,
c’est certain, « plusieurs lièvres’... à la fois »...
Entre
« four » et « moulin », on hésite, parfois...
On n’peut
« avoir été » et continuer d’« être »...
On n’peut rien
affirmer, dont rien n’est « sûr », peut-être...
C’est ainsi
qu’un plombier... vous promet de passer...
Et que vous
l’attendez, le temps d’en trépasser...
Pour ma part,
cependant, je n’ai pas d’antidote...
Mais j’vois
plein d’arguments là, dans cette anecdote :
L’autre jour, je
partais au travail comme il faut,
Comme’ je le l’ai
toujours fait, sans détour, ni défaut...
Je dois dire’ que
j’travaille... au fameux Ministère
De l’Ordre et du
Travail... On ne saurait mieux faire !
Mais voilà... Ô
! Désordre’... qu’un incident fâcheux...
M’en interdit
l’accès... sans espoir, qui peut mieux ?
Voilà qu’à la
sauvette, à la porte cochère...
Je me heurte,
mazette !... à un piquet sévère :
Un piquet dit «
de grève’ »... ferme et définitif...
En me disant «
je rêve’! »... sur un ton décisif...
C’n’est pas sur
mon planning... et pas dans les consignes...
‘Faut qu’je
fasse un forcing... si je veux rester digne...
Et sauver ma
journée, que de grands malicieux
M’ont forcé à
chômer, comme un grand paresseux....
Ce n’est pas
loin de là, que, dans mes draps de larmes...
J’ai vu... tout
près de moi, ce p’tit réveil, infâme...
Qui avait
oublié, de m’chanter son couplet...
Et... qu’il
était trop tard... pour qu’ce soit sans effet...
Eh oui, j’avais
rêvé... Mais que faire’ d’un tel rêve...
Qui cherche à
m’entraver... qui m’fait un sortilège ?
Assez de ce
pensum et puis, vade retro,
J’ai mon
vade-mecum, et là-bas... le métro...
Je m’habille « à
l'étal » et mon café, j’l’avale,
En rafale... et
j’détale’... juste avant que j’m’étale...
Un dos sur
l’escalier... et la jambe à côté...
Comment je vais
gérer !!!? Je vais d’abord appe’ler !
Je n’avais pas
bien vu la marche très humide,
Et, surtout,
j’ai voulu me montrer si rapide...
Que, mon œil sur
la montre et le pied au plancher,
J’aurai fait sa
rencontre, en allant m'y coucher...
Les secours
m’ont rejoint sur le palier, très vite...
Comme’ ils le font
si bien, toujours à l’improviste !
C’est comme’ ça
aux urgences’ : on travaille’ sans planning...
Après tout,
quand j’y pense... on gère’ bien le timing...
Et j’n’avais pas
prévu... qu’on pouvait rester libre...
De vivre
l’imprévu, qu’on a le droit de vivre !
Surtout qu’on y
a droit... sans y être invité...
Et que pour ça,
ma foi, il n’y’a rien à changer !
Contraire’ment au
planning (!)... qui nous laisse en carafe...
Pour
une’ faille anodine’... dont aucun paragraphe...
Ne fait juste
mention... vu que ladite’ mention...
Déjoue ses
prétentions... et toute prévision !
Ce jour-là, j’ai
compris, que la Vie reste Libre,
En dépit d’notre
envie d’en gérer l’équilibre...
Mon planning est
tombé... comme une’ peau de chagrin...
Quand j’me suis
retrouvé... allongé, un matin...
Mon planning, si
sacré, je n’l’ai pas honoré...
Quant à l’aquaplaning,
lui, je n’l’ai pas loupé !
A quoi
servirait-il, de vouloir tout prévoir...
Quand l’imprévu,
subtil, nous apprend à savoir...
Qu’entre théorie
et pratique,
‘Y’a comme un
couac... ‘Y’a comme un hic (!)
Puisqu’on se
rend compte, assez tôt...
Des illusions
qu’on nourrit trop...
Et qu’on ne
gère’ pas le destin,
Quitte à
demeurer sur sa faim...
Jusqu’au jour,
où, sans lendemain,
On n’aura plus
le temps de rien !